Le ciel est immense

Marie-Sabine Roger

Éditions du Relié

  • Conseillé par
    6 juin 2011

    Il s’agit du premier roman de Marie-Sabine Roger. Et déjà, elle signe de son écriture fulgurante. Le mot juste, un style incisif où la sensibilité, la tendresse ont leur place. Avec précision, elle épingle la vie de cette femme de 59 ans et 8 mois. Si elle est venue à cet hôtel près d’une plage où elle venait étant enfant, c’est pour en finir. Entendez par là mourir, mettre fin à ses jours. Une vie comme tant d’autres, avec sa part de malheurs mais dans la normalité, nous dit-elle avec ironie. Un mariage, un enfant, un divorce avec fracas, des amours et le grand amour, l'inattendu qui a été le point de non retour. Un gamin sur la plage lui a posé des questions. Avec innocence, curiosité et l’angoisse de ne pas savoir comment est la vie une fois qu'on est adulte. Elle n'avait pas prévu de remuer ses souvenirs. Ni ce gamin qui sans le savoir va l'obliger à considérer d'une autre façon sa vie.

    La tristesse, les regrets sont bousculés par des phrases comme seule Marie-Sabine Roger sait les façonner! Ironie, dérision, regard lucide et sans concession. Point de mélo mais la gouaille que l'on retrouve dans ses prochains livres. J'ai souri, j'ai été émue.

    "J’ai entendu les phrases assassines, les diktats pontifiants : « les femmes prennent sept kilos en moyenne à la ménopause.. ». Les découragements des copines, minaudant pour un chocolat : » On doit faire attention, à nos âges… ».Quelques années auparavant, le mot de quarantaine sonnait déjà comme une mise à l’écart suspicieuse, pour se garder d’une possible contagion. La cinquantaine la suivrait dans un bruit terrifiant de crécelle, ce hochet bruyant des lépreux. La soixantaine. Elle frapperait le glas des illusions. Autant s’y faire, la vieillesse ne s’arrangeait pas avec l’âge. Vieillir, c’était mourir à tout enchantement. Je me suis réfugiée dans tous les magazines qui m’assuraient pour quinze balles que cinquante ans c’est merveilleux. Que soixante ans sera meilleur encore. Et qu’à soixante-dix ans ce sera la fête pour de vrai. Ils n’osaient pas titrer : « Vivement qu’on soit mort ». "