Les déferlantes, roman

Claudie Gallay

J'ai Lu

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    6 juin 2011

    A la suite de la mort de son compagnon, une femme vient s’installer dans une maison, dans un petit village près de la Hague. Elle travaille pour le centre ornithologique, observe et dessine les oiseaux, compte leurs œufs, etc… Malgré son côté taciturne et solitaire, elle s’est peu à peu intégrée au paysage et aux habitants qu’elle connait tous, ou presque.

    D’abord il y a Morgane et son frère Raphaël, le sculpteur, avec qui elle partage la maison de la Griffue. Il y a aussi Lili, qui tient le bar-restaurant du coin, sa mère qui végète dans un coin et son père Théo, qui connait bien les oiseaux. Max est le doux dingue du village, amoureux de Morgane et des mots, il construit patiemment un bateau pour réaliser son rêve : aller pêcher le requin-taupe. Il y a Nan, une vieille femme traumatisée par la disparition de tous les siens en mer. Car la mer est là, partout, violente, omniprésente, incontournable et nécessaire.

    Un jour débarque un inconnu. Lambert. Il apparait qu’il n’est pas vraiment inconnu. C’est le fils Pereck, seul survivant d’une famille disparue en mer en 1967. Il est revenu pour vendre la maison de ses parents. La narratrice l’observe puis fait sa connaissance. Un lien se noue entre eux et l’obsession de Lambert devient bientôt la sienne : pourquoi sa famille a-t-elle péri en mer? Est-ce que le phare, dont Théo était le gardien, s’est éteint cette nuit-là? Et qui est ce petit garçon qui apparait sur certaines vieilles photos?

    Claudie Gallay prend tout son temps pour décrire cette petite communauté que la mer a forcée à se replier sur elle-même. Peu à peu, les non-dits et les rêves brisés se révèlent. Les personnages prennent de l’épaisseur, de même que le payage devient plus lumineux. Comme le dit Clara, c’est un livre qui fait appel à tous les sens : la vue, l’odorat, le toucher… Il y les gifles de la pluie, le goût du sel sur les lèvres, le parfum des crevettes qu’on déguste avec du pain beurré, l’odeur des ânes sauvages…

    C’est aussi un livre qui brasse beaucoup d’émotions. J’ai été sensible à la démarche artistique de Raphaël qui ne vit que pour ses sculptures, à la folie douce de Max qui rappelle parfois le Germain de Marie-Sabine Roger par sa façon de parler. Sensible à Lambert aussi, qui vit dans l’obsession de faire éclater la vérité. Et pleine d’empathie pour cette femme venue sur cette lande soigner un chagrin d’amour qu’elle croyait pourtant incurable.

    Un livre lent et doux, plein de clairs-obscurs et de reflets qui accrochent l’œil et la curiosité du lecteur. Le passé et le présent se mêlent pour former la trame d’une histoire étonnante. Le style, parfois haché c’est vrai, ne m’a pas gênée. Et que ce soit par envie de connaître la clé du mystère ou la vie des uns et des autres, on s’immisce avec plaisir dans les pages de cet épais roman avec l’envie d’y rester longtemps.