One-Shot, #J'accuse

Jean Dytar

Delcourt

  • Conseillé par (Libraire)
    20 septembre 2021

    L'affaire Dreyfus dans les réseaux sociaux

    Un album est aussi un objet que l’on prend, reprend, regarde sous toutes ses facettes. En prenant dans les mains « #J’accuse …!», impossible d’abord de ne pas remarquer la forme: un coffret superbe, avec à l’intérieur un clavier d’ordinateur dessiné, un marque pages explicatif, et un album souple, format à l’italienne inséré dans la boîte. Très vite on comprend que cette BD se veut connectée. A chaque fois que figure le signe + sur une page, l’onglet donne droit à des documents numériques complémentaires (biographie, fac-similé) accessibles après avoir téléchargé une application spécifique. Rien de superficiel dans ces ajouts mais une manière remarquable d’informations complémentaires utiles dans une BD où les archives constituent la base de l’ouvrage.
    Cette magnifique mise en forme constitue une véritable volonté éditoriale. Jean Dytar a « été sidéré par les résonances avec notre époque » en travaillant sur ce dossier. Avec lui, le lecteur en effet ne peut cesser d’imaginer cette affaire couverte aujourd’hui par les réseaux sociaux et les médias actuels. On constate alors que la haine si souvent évoquée, l’absence de recul par rapport aux informations immédiates étaient déjà la règle il y’ a plus d’un siècle. La presse papier, dont de nombreux articles seraient aujourd’hui interdits, n’hésitait pas à vomir, une haine antisémite d’une violence totale. Ainsi surnagent dans ce torrent de boue des personnages étonnants, courageux, magnifiques qui réhabilitent l’âme humaine: Mathieu Dreyfus, frère du colonel, Auguste Scheurer-Kestner, homme politique exceptionnel, Bernard Lazare par leur honnêteté intellectuelle renvoient plus bas que terre les Maurice Barrès, Daudet, Henri Rochefort et consorts, dont certains écrits annoncent, mot pour mot, l’arrivée du fascisme et du nazisme

    L’éditeur s’interroge pour savoir si « l’impact de l’affaire Dreyfus sur ses contemporains aurait été différents s’ils avaient été informés par les médias d’aujourd'hui ? ». On peut légitiment douter de la réponse. A l’heure des réseaux sociaux et de leur immédiateté, lire cette formidable Bd doit nous inciter, encore et toujours à penser, à réfléchir, avant d’écrire. Il n’y aura peut être pas toujours des Zola pour rétablir la vérité.