Dégage !, novella

Marc Villard

Atelier in8

  • Conseillé par
    24 mai 2013

    Avant que la réalité ne se rapproche voire colle à cette fiction, il vaut mieux en rire, jaune certes, mais en rire. Lorsqu'on sait que la révolte naît dans le Béarn, des centristes, c'est que la France va vraiment très très mal. Mais comment pourrait-elle aller bien, Madame la Présidente a rogné sur la culture, contrôle tout, oblige les agents municipaux tels Théo à repeindre les toilettes publiques mais aussi à monter des cloisons séparant les lieux d'aisance en quatre : deux places pour les hommes, deux places pour les femmes et à l'intérieur de chaque emplacement réservé, une place pour les Français(e)s et une pour les Étranger(ère)s ?

    Théo, qui après sa rencontre avec Janine a l'espoir de voir son poème publié déchante lorsque lors de la seconde rencontre, on lui dit que deux mots gênent les hautes autorités, deux mots qui en eux-mêmes sont acceptables, mais point accolés, cela "pourrait déplaire" (p.9) ; ces deux mots : "juif sympathique" (p.8). Déçu et appelé sous les drapeaux (car le service militaire est rétabli) Théo pense rejoindre les Poètes en Résistance groupe qui lutte de Pau contre le pouvoir en place, assez mollement il faut bien l'avouer.

    "-Soit tu rentres dans le rang et tu effectues cette connerie de service militaire et l'obscurantisme du pouvoir. Soit tu passes à l'opposition et tu ne tombes pas mal car les Poètes en Résistance m'ont informé que trois fronts préparent en France la future révolution. L'un des foyers de la révolte est situé à Pau, autour de François Bayrou.

    - Vous me faites marcher ?

    - Pas du tout. Rama Yade y dirige même un corps d'infirmières." (p.33)

    Mais alors où sont les autres ? Eh bien, ils s'arrangent avec le pouvoir actuel, comme par exemple cet élu écologiste, qui depuis le rétablissement de la peine de mort et l'édification d'un échafaud, place de la République a obtenu de repeindre cet objet funeste en vert.

    Très court texte qui ravira les amateurs d'ironie, de dérision et d'uchronie (qui restera toujours uchronie espérons-le). Le déferlement de haine, de violence, la descente dans les rues des intégristes de tout poil (sauf sur le caillou pour certains) pour casser de l'homo et du flic (et doublement du flic homo) au moment du texte sur le mariage pour tous, que les élus et les responsables des partis politiques opposés à ce texte ne condamnent pas fortement et fermement, -certains d'entre eux se laissant même aller à des actes de violence au sein même de l'Assemblée, légitimant ainsi la violence dans les rues- ne m'incite pas vraiment à l'optimisme quant à une éventuelle rebellion de leur part contre l'extrême droite si -ou lorsque- elle aura plus d'ampleur et de pouvoir que maintenant.

    Une lecture saine qui peut faire réfléchir, parue dans la collection Social Fiction des toujours excellentes Éditions IN8 : de la Science Fiction Sociale.