Conseils de lecture
Un thriller haletant qui se dévore
Encore un roman policier suédois me direz-vous ! Pas vraiment puisque l’autrice, Johana Gustawsson, est
française, mais elle combine tous les ingrédients de ces romans noirs en provenance des pays nordiques.
Et elle a un immense talent !
Storholmen est une petite île au large de Stockholm sur laquelle a été bâtie un immense manoir.
Emma, experte en art, doit se rendre sur cette île à la demande du propriétaire des lieux, Niklas Gussman,
héritier d’une immense fortune, afin de procéder à l’inventaire de leurs biens.
C’est sur cette île que, neuf ans plutôt, une jeune fille a été retrouvée pendue.
Emma nous confie son sentiment en s’en approchant :
« Cette île déclenche en moi une sensation glaçante : je me sens forcée d'étouffer les bruits de mon
passage. Comme si j'avançais en territoire ennemi, les doigts crispés sur la crosse de mon fusil.
Storholmen impose le silence à une foule muette dont je fais partie.»
Quelques jours après l’arrivée d’Emma sur cette île, une autre jeune fille est retrouvée assassinée sous la
glace. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes circonstances mais la mise en scène comporte des similitudes
qui font penser à un même tueur. Karl, le policier a qui va être confié l’enquête et Emma vont travailler
conjointement à découvrir la vérité.
« L’île de Yule » est un véritable thriller haletant et palpitant. Les chapitres sont courts et se « dévorent »,
ponctués par de nombreux rebondissements inattendus. Une intrigue bien plus retors qu’il n’y paraît !
Un roman corrosif
Le pitch est alléchant. Étienne, cadre, mène une vie bien ordonnée dans la région lyonnaise. Mari et père aimant, tout semble ou plutôt ressemble à une existence bien établie, correspondant aux standard de sa classe. La routine est en place, rien ne semble devoir changer cet ordre établi. Il rentre de vacances avec sa petite famille bien sous tout rapport.
Il paraît heureux et profite pleinement de cette normalité lui fournissant ce bien-être, fruit d’aspirations réussies. Sur la route, la nouvelle tombe : Jean-Jacques Goldman est mort.
C’est le déclenchement d’une série d’évènements qui va littéralement faire exploser ses certitudes, son train-train quotidien. Aurélien Delsaux n’est jamais aussi bon que quand il décrit l’humanité. Et pas n’importe laquelle : celle des inconnus, des sans-grades, des transparents.
Ils ne font pas la une des journaux. Leurs aspirations, quoique légitimes, restent modestes. Ils se dépatouillent d’un quotidien et d’un monde qui souvent les dépassent.
L’auteur a la finesse respectueuse qui évite bien souvent la caricature. Il a une tendresse pour cette humanité qui suinte à travers tout le roman Le roman contient la synthèse d’une vie. C’est parfois drôle, parfois triste. Il y a des moments surtout , où cette communication gênante provoquée par l’incompréhension de l’autre, devient prégnante.
Il y a enfin une critique fondamentale de notre époque, où la petitesse de nos engagements, du sens que l’on souhaite donner à notre vie, sont remarquablement décrits. L’écriture est limpide, ciselée. A lire!
Toujours un plaisir de retrouver Viveca Sten
« Une écharpe dans la neige » est le premier livre d’une nouvelle série. Nous quittons l’île paisible de Sandham pour le nord du pays, à Are, dans une station de ski du Jamtland.Un nouveau duo d’enquêteurs entrent en scène. L'inspecteur Daniel Lindskog, jeune père tiraillé entre son métier et sa famille qui trouvera une aide précieuse auprès d’Hanna Ahlander, récemment virée de la police de Stockholm ainsi que de la vie et l’appartement de son petit ami. Elle vient de s’installer dans la
maison de sa sœur à Are le temps de se reconstruire. On éprouve très vite beaucoup d’empathie et de sympathie pour elle.
L’autrice sait nous émouvoir mais aussi nous intéresser à une intrigue. Ici, une jeune fille de 18 ans, Amanda, disparaît après une veillée de Sainte Lucie. Daniel, de la police d'Are, enquête avec l'aide de la police d'Ostersund, la ville plus importante dont dépend le commissariat d'Are. Tout le village se mobilise pour retrouver Amanda. Sa famille n'est pas aussi lisse et parfaite comme elle voulait le faire paraître et beaucoup de secrets vont être découvert. Rebondissements et suspense sont au rendez vous, le tout dans une tempête de neige et moins vingt degrés, pratiquement du début jusqu'à la fin. Ce froid qui joue un si
grand rôle dans l'intrigue...
Une construction qui rappelle les précédents romans de l'auteure, des chapitres très courts qui alternent entre les différents personnages, du suspense, et une enquête bien ficelée.
1629, ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
T.01 - L'Apothicaire du diable
Dessins de Thimothée Montaigne
De Xavier Dorison
Glénat BD
Un ouvrage absolument superbe
L’histoire, première d’une série, démarre à Amsterdam en 1629. La compagniehollandaise des indes orientales souhaite ouvrir un comptoir commercial sur l’île de JAVA.Elle arme donc le Jakarta qu’elle rempli d’or et de bijoux, cadeaux destiné au grandMoghol. Pour assurer cette mission, elle choisit un subrécargue (agent représentant la
compagnie), un capitaine rude et expérimenté mais également un équipage composé devieux loup de mer, de malandrins sordides issus des bas-fonds d’Amsterdam, debourgeois ruinés. On peut ajouter à tout cela une invitée improbable parmi cette fange del’humanité. Tout cet or et ces diamants suscitent des convoitises et le voyage ne sera pas
sans surprise. Les dissensions conduiront à une catastrophe. L’histoire a un fondhistorique issu du Journal de bord du Batavia (nom hollandais donné à Jarkarta), qui a étépublié en 1994. On est dans la lignée de Stevenson, Defoe ou de Mac Orlan. C’est pleinde rebondissements, le scénario et le dessin nous tiennent en haleine. C’est dense et l’on
attend avec impatience la suite.
Pour les amateurs de policiers nordiques
Le polar Suédois est devenu en genre en soi, énigmes multiples, courses à travers un pays étendu et souvent hostile, meurtres glaçants. On connaît bien sûr Camilla Lackberg, Henning Mankell. Voici Kjell Eriksson ! Et il mérite le détour !
Une jeune femme et sa fille de six ans marchent au bord d’une route ensoleillée dans la campagne près d’Uppsala, en Suède. Elles sont brutalement fauchées par une voiture qui prend la fuite.
Appelés sur place, le commissaire Ann Lindell et son équipe pensent bien sûr à un banal et tragique accident de la route. Mais lorsqu’ils cherchent à joindre le mari et père, Sven-Erik Cederén, il est introuvable et injoignable. Il devient alors le suspect numéro 1.
L’enquête se dirige alors vers le laboratoire pharmaceutique dans lequel le mari travaille. Ont-ils des choses à se reprocher ? Pourquoi Sven-Erik s’est-il récemment disputé avec son associé ?A cause d’un terrain acheté en République dominicaine ? Mène-t-il une double vie ?
Toute l'équipe est à pied d'œuvre pour résoudre l'affaire, sauf Ann peut-être, préoccupée par son histoire d'amour chaotique avec Edvard. Elle assume ses choix de femme libre, la priorité donnée à son travail, les aventures d'un soir.
L’enquête piétine jusqu’au jour où une femme qui préfère garder l’anonymat contacte le commissariat.
« Le cercueil de pierre » est un polar efficace et rondement mené. L’auteur y décrypte la société suédoise et dénonce, sur fond d’évasion fiscale et d’expérimentations pharmaceutiques, les dérives du capitalisme .