Le secret du professeur croquet, roman
EAN13
9782809802054
ISBN
978-2-8098-0205-4
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Roman français
Nombre de pages
281
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
366 g
Langue
français
Code dewey
804
Fiches UNIMARC
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Le secret du professeur croquet

roman

De

Archipel

Roman français

Indisponible
collection
ArchiMAGINAIRE
dirigée par Hervé Milhau

DU MÊME AUTEUR

Le Café des méchants (illustrations : Jean-Louis Felicioli), Magnard, 2005.

Edgar Flanders, détective de l'étrange, Le Seuil :

Les Crimes de la momie, 2004.
Les Vampires de Gand, 2004.
La Princesse venue d'ailleurs, 2005.
La Guerre des sorciers, 2005.
Les Démons de l'Olympe, 2006.
Le Sorcier sans visage, 2006.
Les Vampires de l'Apocalypse, 2007.

www.editionsarchipel.com

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34, rue des Bourdonnais 75001 Paris.
Et, pour le Canada, à
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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-0961-9

Copyright © L'Archipel, 2009.

1

LE TUEUR D'ENFANTS

Les rayons du soleil couchant ensanglantaient le ciel de Montmartre.

Dans une mansarde crasseuse, Jérôme tremblait de peur et de froid. Il recroquevilla son corps d'enfant et plaqua les mains sur ses oreilles pour ne plus entendre le bruit terrible des longs couteaux que son ravisseur aiguisait en fredonnant « Plaisir d'amour ». Vacillante sous le souffle du vent passant sous la porte, la flamme d'une bougie projetait au plafond l'ombre de l'homme à la barbe noire qui avait abordé Jérôme un peu plus tôt, alors qu'il admirait les voitures de pompiers dans la vitrine d'un marchand de jouets de la rue Tholozée.

— Tu sais que c'est moi qui fabrique ces autos, lui avait dit l'adulte.

Bien que sa mère lui défende de répondre aux inconnus, le gamin avait engagé la conversation avec le barbu à la voix douce.

— Elles sont très belles.

— Tu aimerais en avoir une ?

Jérôme baissa les yeux en soupirant.

— Maman dit que c'est trop cher, même comme cadeau d'anniversaire.

— Tu as quel âge ?

— J'aurai dix ans le mois prochain... en décembre.

— Est-ce que tu travailles bien à l'école ?

— Je suis dans les cinq premiers.

L'homme regarda autour de lui et aperçut un vieil aveugle qui mendiait sur les marches du cinéma Studio 28.

Il posa une main légère sur l'épaule de l'enfant.

— Si tu viens à mon atelier, je t'en offre plusieurs.

Incapable de résister à cette proposition, Jérôme suivit le barbu jusqu'au dernier étage d'une maison en ruine dans le haut de la rue Lepic.

Et maintenant, il était prisonnier du monstre...

L'adulte vérifia le tranchant de la lame des couteaux et lui sourit :

— C'est parfait. Tu n'auras pas le temps d'avoir mal, mon garçon !

Il approcha de sa victime.

— Vous êtes un ogre ? balbutia Jérôme.

— Non. Manger les enfants, moi, ça ne me dit rien. Mais je les tue.

— Pourquoi ?

Le ravisseur éclata d'un grand rire effrayant qui fut couvert par le fracas d'une vitre volant en éclats sous le choc des bottes d'Adrien Destouches.

— À nous deux ! cria le nouveau venu.

L'assassin protesta :

— Mais de quoi vous mêlez-vous ?

Un uppercut à la pointe du menton lui fit perdre connaissance.

— Il a son compte, dit le sauveur à l'enfant. Je suis arrivé à temps.

Jérôme le vit se pencher par la fenêtre détruite et crier :

— Vous pouvez venir prendre la livraison.

— Qui es-tu ? demanda le petit garçon.

— Un détective qui t'a tiré d'un mauvais pas.

Il passa des menottes au barbu inanimé.

— Comme Sherlock Holmes ? s'exclama le gamin.

— Si tu veux...

Adrien examina les couteaux de boucher.

— Tu l'as échappé belle. À l'avenir, n'écoute plus les inconnus...

— Je vous le promets.

Des policiers investirent les lieux, sous la direction du commissaire Cyprien Grenier.

— Bon travail, mon cher Destouches, s'exclama ce dernier en reprenant difficilement son souffle. Nous avons mis fin aux crimes de cet ignoble tueur. Mais pourquoi avoir escaladé la façade alors que nous pouvions tous prendre l'escalier pour venir le surprendre...

— Il aurait entendu nos pas et se serait échappé par les toits.

— Pas pour longtemps. Nous l'aurions coincé plus tard puisque vous l'aviez identifié. J'aurais lancé ma brigade à ses trousses et ce Vladimir Pérille aurait vite été capturé.

— Sauf qu'il pouvait égorger le gosse avant de s'enfuir, fit remarquer le détective.

— Je n'avais pas pensé à ça, bredouilla le policier.

— Il est vrai qu'il est difficile de penser lorsqu'on n'en a pas l'habitude.

— Comme vous avez raison, répondit machinalement le commissaire.

L'assassin revint à lui et rugit de colère.

— Vous m'avez empêché de terminer ma série ! Ce petit garçon allait être ma septième victime. Ensuite, je serais passé aux adolescents, puis aux adultes et ensuite aux vieillards. C'est ma mission. Le Seigneur tout-puissant guide mes actes. Il va certainement vous punir... Moi, je vais aller au paradis. Et vous, vous brûlerez en enfer. C'est bien fait...

Cyprien Grenier l'empoigna par le col de sa veste.

— Tu simules la folie pour échapper à la guillotine.

— Pas du tout... D'ailleurs, je suis Napoléon...

Le commissaire leva les yeux au ciel.

— Quel métier !

— Puisque je vous dis que je suis Napoléon, ricana l'assassin.

— Mais tu vas finir comme Louis XVI. La tête coupée. Emmenez-le.

L'inspecteur Roger Valin exécuta l'ordre de son supérieur.

— Il faut ramener ce gosse chez lui, intervint Adrien.

— J'habite rue des Saules, déclara l'enfant.

— Prenons ma voiture. Nous irons dîner ensuite. Je vous invite, Cyprien, mais pas un mot de mon intervention à la presse et dans votre rapport. Je vous laisse tout le mérite de cette arrestation. Comme d'habitude.

— Vous me gênez, mais c'est bon pour mon avancement. Sans vous...

Le détective l'interrompit.

— Trêve de bavardage. Les parents de ce môme doivent se faire un sang d'encre. Dépêchons-nous de les rassurer.

Ils descendirent les escaliers délabrés de la maison, débouchèrent dans la rue Lepic et marchèrent jusqu'au cimetière Montmartre.

Une froide pluie de fin novembre commençait à tomber sur la ville.

Le vent soufflait de plus en plus fort.

— La belle bagnole ! s'exclama l'enfant en découvrant l'Hispano Barcelona rouge dont Adrien ouvrait déjà la portière.

— Monte à côté de moi, lui dit le détective.

— Ne roulez pas trop vite, supplia le policier. J'ai le cœur fragile...

— Quel froussard ! cria Jérôme.

2

LE MYSTÉRIEUX CORENTIN

Tandis que le commissaire remettait le petit Jérôme à ses parents, Adrien attendait au volant de sa belle automobile.

Il était satisfait d'avoir mis fin à la carrière du meurtrier qui avait égorgé six enfants et abandonné leurs cadavres aux quatre coins du quartier.

La série avait commencé en septembre de cette année 1930.

Le gouvernement était intervenu pour que les journaux n'en parlent pas, de peur que les habitants de Montmartre cèdent à la panique.

Incapable de lever une piste qui permette l'arrestation de cet assassin en série, Cyprien Grenier s'était décidé à demander l'aide d'Adrien Destouches. Le détective commença son enquête par l'examen des corps égorgés. Ayant remarqué que le coupable maniait le couteau à désosser avec la dextérité d'un professionnel, il convoqua Lulu la Biche pour qu'elle ordonne à ses amis de la pègre de surveiller tous les bouchers du XVIIIe arrondissement. Une tentative avortée d'enlèvement d'un gamin à la sortie du métro Blanche aiguilla les soupçons sur Vladimir Pérille qui tenait une échoppe de viande chevaline au milieu de la rue Houdon. L'organisation des mendiants de Pigalle assura sa filature et, à la fin de cet après-midi du 27 novembre, Jojo la Chouette, un faux aveugle, vit le suspect qui abordait le petit Jérôme devant le magasin de jouets de la rue Tholozée. Il les suivit discrètement jusqu' à la maison de la rue Lepic et prévint l'un de ses collègues pour qu'il avertisse le détective. Adrien se rendit sur les lieux en compagnie de la police et gravit la façade pour empêcher le pire.

Ce n'était pas la première fois qu'il se mettait ainsi au service de la loi, mais il refusait toujours que son rôle apparaisse dans les rapports officiels.

Cyprien Grenier bénéficiait donc de ses réussites et recevait les éloges de sa hiérarchie, qui s'étonnait tout de même de si brillants succès de la part d'un fonctionnaire longtemps connu pour son crétinisme dévastateur.

Les larmes aux yeux, le commissaire sortit enfin de ...
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