Le capital guerrier, Concurrence et solidarité entre jeunes de cité
EAN13
9782200347024
ISBN
978-2-200-34702-4
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.ES&PUB SPEC
Nombre de pages
304
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
429 g
Langue
français
Code dewey
305.23
Fiches UNIMARC
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Le capital guerrier

Concurrence et solidarité entre jeunes de cité

De

Armand Colin

Dd.Es&Pub Spec

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PREMIÈRE PARTIE?>La cité : un espace, des positions?>?>Introduction de la Première Partie?>Pour clarifier le débat, il faut cerner la diversité qui caractérise les cités et leurs groupes de jeunes. L'enjeu est d'abord de comprendre les multiples positions qui structurent l'espace social des zones HLM, puis de saisir le caractère concurrentiel de cet univers.Cette première partie s'intéresse à l'environnement dans lequel les groupes de jeunes de cité se constituent et observe la façon dont ils se différencient des autres résidents. Il s'agit d'étudier les moyens par lesquels ces jeunes bâtissent un esprit de groupe et un collectif capable d'attribuer des droits et des devoirs.Nous verrons qu'ils détiennent une place prépondérante dans l'espace public. Ils savent imposer leurs volontés. Les commerçants des environs, les policiers en patrouille, les travailleurs sociaux et les élus locaux, les pères de famille qui résident dans le quartier et les bénévoles qui s'engagent dans le monde associatif, tous doivent prendre en compte à un moment ou à un autre cet état de fait, qui n'a pas que des désavantages.Les groupes étudiés ne représentent pas des ensembles homogènes, ils correspondent plutôt à des grands édifices structurés par de multiples réseaux qui s'associent et s'opposent, se dessinent et se recomposent, en fonction des circonstances, des trajectoires et des activités.Chaque réseau contient lui-même des individus fort différents les uns des autres : tous n'ont pas le même temps de présence dans la rue, les mêmes conditions de vie, le même type de famille, le même parcours scolaire, la même insertion professionnelle et la même place hiérarchique dans l'univers de la cité.Dans cette première partie, nous constaterons que les groupes de jeunes de cité survivent grâce à des liens communautaires12, mais qu'ils se trouvent en réalité constamment au bord de l'explosion tant les logiques de distinction et de domination internes engendrent des tensions et des processus de scission.L'action publique, qu'elle s'exerce à travers les métiers de l'enseignement, du travail social ou de la police, doit apprendre à distinguer différentes catégories de jeunes à partir de leur position respective dans le système hiérarchique de la rue.Elle doit être en mesure de repérer rapidement les pouvoirs et les contre-pouvoirs qui modèlent de l'intérieur les collectifs de jeunes de cité.Si une telle connaissance n'est pas indispensable dans les rapports en tête-à-tête, elle le devient dès lors que l'institution s'adresse à un groupe ou opère sous le contrôle de celui-ci.1 Dans un entretien daté du 7 janvier 1999 donné au journal Le Monde, Lionel Jospin déclare : «Tant que l'on admettra des excuses sociologiques et que l'on ne mettra pas en cause la responsabilité individuelle, on ne résoudra pas ces questions. »2 Mon enquête de terrain, du moins dans sa phase intensive, couvre la période 2000/2003 et ne peut donc rendre compte des émeutes de novembre 2005, mais elle éclaire certains de leurs ressorts. Les deux terrains parisiens étudiés ont participé aux troubles de novembre dernier.3 Mon grand-père paternel, plus anarchiste que communiste, représente le mythe de la Résistance et des maquis auvergnats. Mon grand-père maternel, petit-fils de métayers limousins, fils d'un ouvrier agricole devenu cheminot puis conseiller municipal, a milité activement au parti communiste, estdevenu cadre à la SNCF puis a été révoqué en 1950 à la suite d'actions revendicatives contre le transport de matériel militaire, durant la guerre d'Indochine. Il a participéà un ouvrage collectif préfacé par Yves Babonaux, professeur émérite à l'Université de Paris-I Panthéon-Sorbonne. Le titre de l'ouvrage en dit long : 1920/2000. Communistes en Touraine. 80 ans de témoignages et de récits (éditéà Tours en mars 2000 par la Fédération et l'amicale des vétérans d'Indre-et-Loire du Parti communiste français).4 Masclet O., La Gauche et les Cités. Enquête sur un rendez-vous manqué, Paris, La Dispute/SNEDIT, 2003.5 Les cités HLM (habitations à loyer modéré, autrefois HBM : habitations à bon marché) ont été fondées au début du XXe siècle et ont toujours eu vocation à«loger le peuple», voire aussi à le « civiliser » et à le « franciser » lorsque ce type d'habitat était encore perçu comme un attribut de la modernité. À propos de l'histoire du programme HLM, on lira par exemple l'ouvrage de Jean-Paul Flamant (1989).
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