Magali S.

Conseillé par (Libraire)
15 avril 2020

Emouvant

Coup de coeur pour ce héros qui m'a fait fondre comme du beurre. Oui bon on fait c'qu'on peut pour trouver des bonnes punchlines #cestapasmoicestleconfinement.
Butter est obèse. Tellement qu'on ne prend même plus la peine de se moquer de lui au lycée, il a dépassé ce stade. Son obésité morbide met mal à l'aise, alors on préfère l'ignorer, et ce statut d'homme invisible lui convient parfaitement.
Mais un jour plus compliqué que les autres, il décide de programmer son suicide en direct, en ingérant une quantité astronomique de nourriture, jusqu'à ce que mort s'en suive...
Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que cette annonce allait faire exploser sa côte de popularité.

Le fat shaming, cette calamité. C'est tellement facile d'attaquer les autres sur leur apparence. Il est gros, il a qu'à manger moins. Ça ne m'étonne pas qu'elle soit grosse comme ça, y'a qu'à voir ce qu'elle mange. Quand on veut on peut hein, il suffit de manger raisonnablement. Combien de fois avez-vous entendu ce genre de réflexions? Derrière l'obésité, il y a évidemment un mal-être très profond. Le truc avec l'obésité, c'est que ça se voit, contrairement à d'autres maladies. Ce qui donne souvent libre court à toutes sortes de discriminations.
Tout ceci, Erin Lange l'a merveilleusement bien dit, à travers les mots de Butter, ce garçon si attachant qui ne se rend même plus compte qu'il a besoin d'aide.
Car si il est suivi de très près médicalement, Butter a baissé les bras depuis longtemps, et préfère cacher son mal-être derrière un excès d'auto-dérision.
D'une plume très juste et sans jugement, l'autrice donne une voix à tous ceux qui se trouvent dans une grande détresse, sans jamais tomber dans le larmoyant, car si Butter m'a plusieurs fois serré le coeur, c'est avant tout une très belle comédie .

Conseillé par (Libraire)
15 avril 2020

Lecture réparatrice

Peut-on pardonner quand la personne n'est plus là pour recevoir le pardon? Doit-on mettre de côté ses griefs contre la défunte? Autant de questions que se pose Matthieu, submergé par la colère et la culpabilité, alors qu'il accomplit la dernière volonté de sa mère Bianca : partir l'enterrer dans sa terre natale, dans un petit village en Sardaigne, avec son petit frère et sa petite soeur âgés de onze ans, qu'il n'avait pas revus depuis qu'il était parti en claquant la porte de la maison familiale.
De son écriture fluide, juste, parfois malicieuse , Vincent Villeminot nous offre un road-trip très attachant sur le deuil, les non-dits, les liens familiaux et la force du pardon.

La Malédiction de Boucle d'or

2

Gallimard Jeunesse

8,70
Conseillé par (Libraire)
15 avril 2020

Un conte épique

Nous sommes en 1832, quelque part au milieu des Vosges. Blonde, une jeune fille fragile, orpheline et d'une beauté envoûtante, mène une vie austère derrière les murs du couvent de Sainte-Ursule. Jusqu'à ce qu'un étranger lui confie un dossier renfermant les secrets les plus terribles concernant ses origines. Parmi les témoignages constituant le dossier, des lettres d'une certaine Gabrielle de Brances, qui raconte qu'elle s'est un jour égarée dans la forêt, et s'est retrouvée prisonnière dans une chaumière, gardée par trois êtres mi-hommes mi-bêtes... La vie de Blonde va alors basculer d'une manière qu'elle n'aurait jamais pu envisager.
Animale est un récit trépidant, épique, écrit d'une très belle plume, élégante et puissante à la fois, un peu comme les contes d'autrefois. Victor Dixen est un excellent conteur, et je soupçonne ses origines danoises d'y être pour quelque chose!
J'ai pris un immense plaisir à suivre cette réécriture de Boucle d'Or et à y trouver, entremêlées, des légendes nordiques.

Conseillé par (Libraire)
15 avril 2020

Bouleversant

C'est l'histoire de Caumes, lycéen, qui tombe amoureux pour la première fois. Il est pris dans un tourbillon de bonheur, mais au même moment, la France assiste aux événements abominables que l'on connait : Charlie Hebdo. Caumes et ses amis sont abasourdis et suivent les informations toute la journée, comme hypnotisés, jusqu'à un point où la réalité devient presque de la fiction.
Le roman est très bien construit, et si j'ai eu une impression de légèreté au début, j'ai compris par la suite que c'était nécessaire pour faire ressortir la candeur et l'insouciance des personnages. Plus on avance dans le roman, plus cette insouciance est mise à mal. Les personnages prennent chacun la mesure de ce qu'il se passe, chacun de façon très personnelle. Les esprits s'échauffent, les ressentiments grandissent et l'incompréhension se transforme en peur. De la peur à la haine, il n'y a malheureusement qu'un pas.
Le style "parlé" du roman ne m'a jamais dérangé dans la mesure où les réflexions intérieures de Caumes sont très justes et très touchantes. L'histoire ne sombre jamais dans le côté manichéen et j'ai apprécié, au vu du sujet, que l'auteur ne verse pas dans le pathos et la démagogie. Les émotions de Caumes sont extrêmement bien traitées,autant que les questions qu'il se pose. A-t-il le droit au bonheur à un moment pareil, par exemple?

Robert Laffont

17,90
Conseillé par (Libraire)
15 avril 2020

Féroce

Sur l'île de Raxter, au large des États-Unis, des adolescentes et leurs profs se retrouvent coupées du reste du monde depuis qu'un virus inconnu s'est emparé de l'île, modifiant tour à tour la nature et ses résidents, animaux et humains. Retranchées dans leur école, elles s'organisent pour survivre, en attentant qu'un remède arrive du continent.
Jusque là, on pourrait se dire que c'est du déjà-vu, voire du réchauffé. Sauf que dès les premières pages, que dis-je, dès les premières lignes, vous savez que vous avez affaire à quelque chose de différent. Le style de l'auteure est unique. C'est glaçant. Une économie du verbe pour être au plus proche de l'action et des personnages. Je n'ai pas trouvé un seul stéréotype, pas une seule phrase bateau. Pas une seule fois en 450 pages. C'est une véritable prouesse.
Et c'est dans cette narration presque chirurgicale, dans ces silences et ces ellipses que se développent les émotions et les sentiments des personnages principaux : Hetty, Byatt et Reese. Des sentiments, pas du sentimentalisme. D'ailleurs il y a pas le temps pour le sentimentalisme. On rentre dans le récit brusquement, car c'est de la même manière que tout a basculé pour les filles de Raxter. Et je vous assure que personne ne sortira indemne de cette lecture. J'ai eu l'impression de regarder un film de survie sans musique de fond et sans générique. Pas de superflu, pas de filtre. Rien que vous, les filles, et l'île de Raxter qui semble vouloir tout posséder. Personne pour vous prendre par la main pour vous expliquer les choses, et sûrement pas l'auteure, qui a réussi à s'effacer totalement pour rendre ses personnages tellement vivants et familiers.
Exceptionnel, unique, féroce.