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    18 août 2010

    Ils ne leur manquent que la parole !

    Un titre pareil, cela ne s'invente pas et pourtant si. Un auteur écossais qui n'en est pas à son premier roman, mais mes connaissances en littérature écossaise ne sont pas bien grandes. A noter sur la 4eme de couverture des éloges de John Banville et de Colm Toibin qui sont deux des meilleurs écrivains irlandais contemporains, enfin, à mon avis.
    L’Amérique conquérante des années 1960, (avant la mort de John F. Kennedy) et la perte de ce que beaucoup de journalistes et écrivains appellent « son innocence ».

    On parle souvent de vie de chien, avec l'air de savoir ce que c'est ! Certains chiens ont eu la belle vie et ont parfois la chance d'avoir un œil critique sur notre vie, nous autres humains. Maf est de ceux-là, né en Écosse avec un pedigree long comme le bras, il part à la conquête des USA.
    Débarquant à Hollywood grâce à Gurdin, mère de Nathalie Wood et exportatrice de chiens anglais, notre chiot est acheté par Frank Sinatra et se retrouve à partager la vie d'une Marylin en fin de carrière et de vie. De New-York à la Californie, les tribulations d'un chien dans le sillage d'une icône de l'époque dont la vie semble avoir été un immense gâchis.
    Les personnages principaux sont par ordre d'entrée en scène Maf, dont le vrai nom, imaginé par Marylin Monroe est Mafia Honey, terrier maltais offert par Frank Sinatra à l'actrice. Le livre se termine sur un épisode relativement célèbre, la colère de Frank Sinatra apprenant que le président Kennedy ne répondra pas à son invitation, alors qu'il avait fait construire spécialement une piste d’hélicoptère!!!!!
    Le monde du cinéma, du théâtre, des dramaturges et des politiciens américains est passé en revue, de John Wayne à J.F. Kennedy en passant par Arthur Miller et je ne vais pas les citer tous.
    L'idée est pour le moins originale, la fin de l'âge d'or américain à travers les yeux du chien de Marylin.
    Il y a dans ce livre quelques scènes absolument surréalistes, imaginez une douzaine de chiens de toutes races, découvrant Hollywood en bus et philosophant sur les mérites comparés d'Aristote et de Plutarque ! Ou les commentaires de deux merles d'Amérique perchés sur des fils électriques! Une conversation entre Maf et une mouche où il est question de Nietzsche et de Schopenhauer!
    Un sens de l'humour teinté de réalisme et de regrets pour décrire un pays à travers le monde du cinéma américain. La fin d'une époque avant que les directeurs artistiques deviennent des comptables et que le dollar remplace l'imagination. Le temps des acteurs flamboyants, des fêtes grandioses, les débuts de l'invasion de la drogue, l'alcool étant encore le seul péché artistique! Mais c'est aussi les émeutes raciales, Hollywood n'est pas encore tout à fait remis du Maccarthysme et de ses « Listes noires », certains auteurs ont encore du mal à trouver du travail.
    Une anecdote trouvée dans ce livre : un jour dans un restaurant un message fut donné à Marylin :
    « Pour Marylin Monroe, qui fait honneur au genre humain, à l'humanité en général + aux femmes en particulier ».
    Brendan Behan.
    Malgré son ivresse probable (pour ne pas dire sûre, ce séjour à New-York n’arrangeât pas sa consommation immodérée d'alcool). Behan était un homme de goût!
    Une note en bas de page m'a beaucoup amusé, il y est question du ouistitis de Maude Gonne, célèbre nationaliste irlandaise et muse de William B . Yeats :
    Les ouistitis sont connus pour leur nationalisme. Melle Gonne n'avait nullement besoin d'encouragements dans ce domaine, mais l'animal aggrava son cas.
    Un livre qui m'a beaucoup intéressé, mais qui n'est pas d'une lecture aisée et je pense qu'il est préférable d'avoir un certain âge (ou un âge certain), car les personnages font partie d'une époque de notre vie, et il m'a obligé à pleins de recherches, ce qui est bon signe.