Les Rougon-Macquart, La Fortune des Rougon

Émile Zola

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    26 octobre 2012

    Plassans, 1851. Le jeune Silvère fait ses adieux à la petite Miette. C'est décidé, il prend les armes et se joint à la cohorte d'insurgés qui partent pour Paris bien décidés à défendre la République. Derrière les remparts de la petite ville de Provence, tout le monde a peur. On dit les républicains sauvages et sanguinaires. Nobles et bourgeois craignent le pire. Seuls les Rougon voient dans la situation politique instable l'occasion d'enfin faire fortune. Ils réunissent dans leur salon quelques personnages influents de la ville, des réactionnaires qui appellent de leurs voeux le retour du roi. Cependant à Paris, Louis-Napoléon Bonaparte prépare le coup d'état qui assoira le second empire. Renseignés par leur fils Eugène, installé dans la capitale, les Rougon décide de retourner leur veste et de se faire fervents bonapartistes. Mais qui est donc ce couple calculateur et opportuniste?

    Pour le savoir, il faut un peu remonter le temps jusqu'à l'époque où Adélaïde Fouque, fille d'un des plus riches maraîchers de la ville perd ses parents et choisit d'épouser Pierre Rougon, un paysan mal dégrossi. Leur mariage est bref, Adélaïde se retrouve veuve et mère d'un fils, appelé Pierre comme son père. Loin de se morfondre dans la solitude, Adélaïde se compromet dans une relation passionnelle avec un braconnier, contrebandier à ses heures : "ce gueux de Macquart". Le couple illégitime aura deux enfants: Antoine et Ursule. Le fils Rougon et les deux Macquart grandissent à leur guise, sans entraves ni éducation, et sans non plus de sentiments fraternels. Pierre est convaincu de sa légitimité et déteste les deux "bâtards" qui mangent son pain. Dès que l'occasion se présente, il s'empare de l'héritage, spoliant sa mère et ses frère et soeur. Ursule s'en moque. Elle quitte Plassans et part vivre à Marseille avec son mari. Mais Antoine ne l'entend pas de cette oreille. Libéré de son service, il quitte l'armée où son frère le laissait végéter, et revient avec la ferme volonté de récupérer sa part d'héritage. Cependant, Pierre a épousé Félicité Puech, la fille d'un marchand d'huile. Il a investi dans l'affaire de sa belle-famille et tente tant bien que mal de faire fructifier son pécule. Le couple n'est pas riche, leurs nombreux enfants leur tondent la laine sur le dos. Pierre et son épouse se débarrassent de ce demi-frère encombrant avec quelques miettes. Antoine épouse la bonne et travailleuse Fine, lui fait trois enfants, Lisa, Gervaise et Jean et se laisse entretenir sans complexes par sa petite famille.

    Et nous revoilà en 1851. Adélaïde vit en recluse dans la vieille masure de Macquart. Reniée par ses fils, misérable et presque folle, elle a recueilli Silvère, le fils d'Ursule décédée très jeune. Antoine Macquart est plus amer que jamais. Fine est morte et ses enfants ont fui le domicile familial, lassés d'entretenir un père fainéant et alcoolique. Les époux Rougon ont marié leurs deux filles. Leur fils aîné, Eugène, vit à Paris. Le cadet Pascal est le médecin des pauvres de Plassans, il n'a que peu de contacts avec sa famille. Le benjamin, Aristide, travaille à la sous-préfecture et écrit des articles pour un journal. Il a opté pour le camp républicain, non par conviction mais parcequ'il pense se mettre ainsi du côté des vainqueurs. Et les Rougon complotent pour tirer partie du coup d'état et s'assurer la fortune à laquelle ils aspirent depuis toujours, quitte à laisser des morts derrière eux....

    Quand je me suis lancée dans le challenge qui consiste à relire la série des Rougon-Macquart dans son intégralité, j'ai pris conscience, à ma grande honte, que je n'avais lu que Germinal et Au bonheur des dames, et encore, c'était contrainte et forcée par des profs de français au collège. Ce sera donc une réelle découverte pour moi de lire les dix-huit autres volumes de la saga. Et me voici ravie après la lecture de ce premier tome fondateur, celui qui pose les bases de la famille, qui explique les origines de chacun et donne une bonne idée de leurs traits de caractère communs.
    Outre le fait que je me suis replongée dans une période de l'histoire de France que j'avais oublié depuis belle lurette, j'ai aussi découvert avec plaisir les moeurs d'une sous-préfecture du Sud. Plassans se compose de trois quartiers bien distincts, du plus pauvre au plus riche. Les deux premiers n'aspirent qu'à grimper les échelons, le dernier veut conserver ses privilèges. Cette fracture sociale (toujours d'actualité d'ailleurs) est aussi une fracture politique : en haut de l'échelle, on espère un retour des Orléans alors qu'en bas on place tous les espoirs d'une société meilleure dans la république.
    ZOLA place les Rougon-Macquart au coeur de cette société provinciale. Il nous donne à voir une famille à l'hérédité très lourde. Bien que demi-frères seulement, Pierre et Antoine partagent des traits de caractère fort semblables: l'avarice, l'envie, la cupidité, la méchanceté, la mauvaise foi, et j'en passe! gageons que quelques uns de ces défauts ataviques se retrouveront chez leurs descendants dans les tomes suivants...
    Un roman dont les couleurs sont le noir de l'âme des Rougon-Macquart et le rouge du sang de leurs victimes.


  • Conseillé par
    16 août 2012

    Nous sommes à Plassans en 1851 et nous allons découvrir les origines de la famille Rougon-Macquart.
    Tout commence avec Silvère, un jeune homme épris de liberté, de république et de la jolie Miette. « Ce devait être une nature intelligente noyée au fond de la pesanteur de sa race et de sa classe, un de ces esprits tendres et exquis logés en pleine chair, et qui souffrent de ne pouvoir sortir rayonnants de leur épaisse enveloppe. » (p. 43) Silvère a décidé de quitter Plassans pour Paris, pour défendre la seconde République qui tremble sous les coups de boutoir du coup d’État qui assoira Second Empire.


    Mais il faut tout d’abord revenir plusieurs décennies plus tôt quand Adélaïde Fouque épousa Pierre Rougon de qui elle eut un fils, Pierre. À la mort de son époux, elle s’afficha avec le contrebandier Macquart dont elle eut Antoine et Ursule. Ainsi naquit la famille Rougon-Macquart. Pierre Rougon fils est plein d’une ambition avide : il épouse Félicité Puech avec qui il échafaude toute sa vie des projets d’enrichissement. « Le jeune ménage se mit bravement à la conquête de la fortune. » (p. 104) Mais le couple échoue sans cesse et accuse ses enfants, Eugène, Aristide, Pascal, Marthe et Sidonie. La chance sourit enfin à cette famille de loups quand s’annonce la fin de la seconde république. « La révolution de 1848 trouva donc tous les Rougon sur le qui-vive exaspérés par leur mauvaise chance et disposés à violer la fortune, s’ils la rencontraient jamais au détour d’un sentier. C’était une famille de bandits à l’affût, prêts à détrousser les évènements. » (p. 125)
    De son côté, Antoine Macquart épouse Fine. Le fils du contrebandier est un ivrogne paresseux qui vit aux crochets de sa femme et de ses enfants, Lisa, Gervaise et Jean. Quant à Sylvère, il est le fils d’Ursule, décédée rapidement.
    Émile Zola trace à grands traits la généalogie monstrueuse sur laquelle il fondera son étude. « Selon l’opinion commune, les Rougon-Macquart chassaient de race en se dévorant entre eux. » (p. 184) Cette famille tentaculaire se ramifie à vive allure, mais les parents veulent garder la mainmise sur les enfants alors que les rejetons n’attendent que de passer sur leurs parents pour s’emparer d’un héritage maigre. C’est donc un plaisir mêlé de curiosité que de lire ce premier volume, d’autant plus que je connais certains tomes de cette saga et que j’ai hâte de découvrir certains personnages à peine esquissés.